PARIS DE PORTE À PORTE
Les portes parisiennes se déclinent en de nombreux styles en fonction des époques et de la qualité des bâtiments qui les accueillent. Sans s'attarder, comme dans mes précédents chapitres, dans l'approche des grands bâtiments publiques, je ne peux toutefois débuter ma présentation sans évoquer celles de Notre-Dame de Paris. C'est à celles-ci que se rattache la légende du ferronnier Biscornet, qui, au 13ème siècle, fut chargé de confectionner les portes latérales de la cathédrale. Dans l'impossibilité d'accomplir son oeuvre, le diable lui proposa un pacte pour achever en temps sa mission. Les portes furent ainsi placées en vue de l'inauguration, mais le jour étant, elles refusèrent de s'ouvrir, sauf après aspersion d'eau bénite. Biscornet délivré, ou non, de son pacte, suivant les différentes versions de la légende, mourut dans les jours qui suivirent.
Quelques siècles plus tard, entre 1859 et 1867, les ferrures furent restaurées par Pierre Boulanger, artiste ferronnier, qui réalisa sous la conduite de Viollet-le-Duc celles du portail central resté vierge depuis son installation.
Quelques siècles plus tard, entre 1859 et 1867, les ferrures furent restaurées par Pierre Boulanger, artiste ferronnier, qui réalisa sous la conduite de Viollet-le-Duc celles du portail central resté vierge depuis son installation.
Autre participation de Pierre Boulanger pour cette petite entrée du musée Cluny.
Au 3, rue Volta, voici la porte d'un immeuble qui fut longtemps considéré comme le plus
ancien de Paris mais qui date en fait de la moitié du 17ème.
Toujours bâtarde, composée d'un seul élément au 7, rue de Thorigny.
Autre version au 23, place des Vosges.
Pour rester dans le même style au 5, impasse Guéménée.
Et au 12, rue Séguier.
Cour de Rohan une ancienne petite porte.
46, rue Monsieur le Prince, une cochère.
De même 2, rue du Canivet.
Si la principale fonction des portes fut de garantir à leurs propriétaires la protection de leur bien, une autre de leur fonction fut également d'indiquer par leur qualité celle-là même de leurs occupants. La taille, l'ornementation sculptée, les accessoires entrèrent alors en jeu pour particulariser esthétiquement et parfois symboliquement l'entrée de la demeure.
Les hôtels particuliers du 17ème et 18ème siècle en montrent encore de nos jours de beaux exemples. Ainsi ce grand portail de l'actuel banque de France, ancien hôtel de la Vrillière dans la rue du même nom. On y remarque un beau heurtoir.
Boulevard du Temple, c'est l'hôtel du Grand Veneur qui nous dévoile son entrée avec cette
scène de chasse au sanglier et cet élégant heurtoir à têtes de chiens.
67, Bd Beaumarchais, toujours en rapport avec le Grand Veneur, cette belle entrée avec une
hure de sanglier.
Dans le 3ème arrondissement, rue Elzevir, se trouvent plusieurs belles portes comme celle du
8, hôtel Donon, abritant le musée Cognacq Jay.
Au 26, guirlandes et coupes.
Au 30, faune et griffons.
Passons rue du Temple, toujours dans le quartier du Marais, au 71, entrée de l'hôtel de saint Aignan,
17ème siècle, actuel musée du judaïsme, avec ses heurtoirs impressionnants.
Au 62, rue St Antoine l'hôtel de Sully, 17ème siècle, nous dévoile son heurtoir similaire à celui
rencontré sur la porte de la BDF.
Au 24, quai de Béthune, ultime souvenir d'un hôtel particulier, cette porte nous offre ses
sculptures de têtes de bélier sculptées par Étienne Le Hongre vers 1640.
Toujours dans l'île Saint-Louis, au 51 de la rue du même nom, la porte de l'hôtel de Chenizot
avec ses chimères.
Au 4, rue Monsieur le Prince, une belle porte en plein cintre pour l'hôtel de Bacq vers 1750.
Rue de l'Université, quelques exemples parmi les nombreux hôtels qui la bordent.
Au 15: l'hôtel d'Aligre, fin 17ème.
Au 24, l'hôtel de Sénecterre, 17ème remanié aux 18 et 19ème.
Poursuivons rue du Bac, au 118 l'hôtel de Clermont Tonnerre, 1714, avec ses médaillons.
Au 102 de la même rue, l'hôtel de Sainte Aldegonde, 1ère moitié du 18ème.
56, rue de Varenne, entre ombre et lumière, se dévoile la porte sculptée d'allégories martiales
de l'hôtel Gouffier de Thoix, début 18ème.
123, rue Saint Dominique, hôtel de Béhague, actuelle ambassade de Roumanie avec son bel heurtoir.
Autre hôtel particulier appartenant à une nation étrangère, en l'occurrence les Pays-Bas,
que celui du 85, rue de Grenelle.
Après ce petit panel traitant des portes d'hôtels particuliers, orientons nous vers d'autres qui,
bien que plus roturières, n'en sont pas pour autant dénuées d'esthétisme. Ainsi cette magnifique
porte au 5, Av de l'Opéra, avec son heurtoir à tête de marmouset et chérubins.
Dans le 4ème arrondissement, riche en témoignage du passé, on peut voir au 7-9, rue Aubriot de
beaux battants sculptés inscrits à l'inventaire des Monuments Historiques et photographiés par Adget.
Toute aussi remarquable, celle du 14, rue Monsieur le Prince avec ses panneaux en perspectives
et ses deux jeunes femmes encadrant le tympan.
Encore une magnifique entrée d'immeuble au 58, Av de Vaugirard.
D'autre, moins ouvragées, n'en sont pas moins digne d'intérêt, comme au 13, rue Villedo.
Au 15, rue du Roule, on peut apercevoir dans la boiserie une petite tête d'ange.
Au 16, rue Saint Sauveur on retrouve le style médiéval avec une ornementation.
Un autre décor avec heurtoirs à tête de lion au 91, rue Quincampoix.
50, Bd du Temple, on découvre 2 profils de têtes féminines dans un style Napoléon III.
Des feuilles d'acanthes ornementent celle du 10, rue de Saintonge.
Au 22, rue de la Chaise l'entourage de la porte participe à son attrait.
25, Bd de la Tour-Maubourg un visage hilare dans le bandeau.
Au 64, rue Vieille du Temple, 2 petits mascarons pour une boiserie qui mériterait restauration.
Un style Napoléon III pour le 15, rue Barbette.
Au 8, de la même rue, guirlande, feuillage et têtes de lion.
36, rue Quincampoix, juste une petite ornementation.
Un peu plus de travail pour celle du 10, rue Aubriot.
18, rue Vivienne, encore un grand classique de l'ornementation avec tête de lion.
24, rue Aubriot, en plus des lions viennent se greffer des griffons.
20, rue Poulletier les concepteurs de la porte ont, cette fois, utilisé la tête d'Hercule coiffée de la
dépouille du lion de Médée.
24 bis, Bd St Germain, porte avec sculptures martiales s'accordant avec le fonctionnement du
lieu appartenant à l'Association Nationale André Maginot.
Un charmant décor pour le 14, rue Servandoni.
Au 34, rue de Provence on aperçoit sur cette porte un curieux décor qui rappelle celui de la "folie",
ancien hôtel Thelusson dont la porte mesurait plus de 10 mètres de haut.
Au 25, de l'avenue des Champs-Élysées se devaient de briller tous les ors pour l'entrée de ce
bâtiment.
64, rue du Moulin des Prés, une porte cochère présentant une petite ruche. Ce type d'entrée d'immeuble avec sa fenêtre incrustée, permettait par cette astuce de réduire le nombre de baies de la
façade, base du calcul de l'imposition au 19ème siècle.
Pour poursuivre dans le même style mais avec des variantes de tons, voici le 59, av Franklin
Roosevelt dans une rare couleur mauve.
115 bis, Bd Haussmann, c'est le rouge qui prévaut.
En teinte naturelle pour le 66, rue de Miromesnil.
Un vert anglais pour le 27, rue de Rome.
Dominantes de bleus pour les 17 et 19, av du Président Wilson.
Une autre façon de particulariser la porte fut, à la fin du 19ème, la possibilité de l'ajourer en lui incrustant une ou des grilles de fonte. Celles-ci furent souvent l'occasion d'y associer un décor romantique dans le goût de l'époque.
Un premier exemple avec les portes du 9, quai aux Fleurs, bâti sur une ancienne demeure où
auraient vécu Héloïse et Abélard.
Autre exemple avec cette porte du 14, rue Jean-Jacques Rousseau.
Cette fois avec inclusions de têtes de lion et poignée "canine" au 9, rue Villedo.
Utilisation de la grille pour une porte bâtarde au 31, rue Saint Sauveur.
Au 9, rue de Mulhouse, on a placé les amoureux en hauteur.
2, rue de Volnay ce sont des chérubins qui officient.
Au 24, rue Xavier Privas, on découvre un simple décor floral.
48, rue Madame c'est au tour de la faune de servir de modèle.
16, rue du Pré aux Clercs nous retrouvons notre couple accompagné de la poignée "canine".
Au 67 et 69, rue de Grenelle, la fonte règne en maître.
Celle de la rue Rodier, avec sa grille bien ouvragée, pourrait bien disparaître si on n'en prend
pas plus soin.
Outre les inclusions de métal dans la fabrication des portes en guise de grille, le métal se retrouve dans les accessoires qui habillent celles-ci. Je vous en présente un petit florilège.
Débutons par ce heurtoir et cette poignée en laiton au 19, rue Jean-Jacques Rousseau.
Encore des serpents au 13, rue Las Cases.
21, rue Béranger, un heurtoir.
5, rue Aubriot, plus rustique.
5, rue Vivienne, heurtoir original pour une des portes de la BNF.
18, quai d'Orléans curieux heurtoir faisant penser à un masque indigène.
Un autre modèle au 8, rue du Fouarre.
18, av Philippe Auguste, genre dragon.
8, Bd Émile Augier, belle tête de démon.
7, rue de Prony, entre l'homme et l'animal...
Une poignée "canine"au 21, quai de Bourbon.
1, rue Xavier Privas, un lion triste...
De nouveau un lion et des serpents au 2, av de New York..
30, rue Las Cases, Neptune et deux dauphins.
Même inspiration au 63, rue de la Boétie.
On s'adresse à une sombre chimère pour pénétrer au 115, Bd Saint Germain.
18, rue du Cherche-Midi, un bel exemplaire.
76, rue de l'Université, chose assez rare, les 2 battants de porte en sont équipés.
Au 20 de la même rue, autre version.
Au 10 maintenant.
52, rue des Saints-Pères, marmouset, couple, dauphins.
20, rue de Grenelle.
1, rue Saint Dominique.
10, rue de Condé.
Une rare poignée à chaîne au 137, Bd Haussmann.
Et maintenant quelques uns des trésors de la rue Fortuny qui n'en manque pas au niveau
architectural.
Ainsi, au n°13.
Au 17, semblable à celui de la rue de Grenelle.
Au 35.
Au 46.
Et pourquoi pas tout simplement une main comme 42, Bd de la Bastille...?
Et même sur la porte d'un immeuble plus modeste comme au 5, rue de Crussol.
Voilà pour ces quelques accessoires. Le décor s'étendit parfois aux pied-droits ou à tout le
pourtour de la baie.
Ainsi ces cariatides à l'entrée du 43, rue des petits-Champs.
17, rue rambuteau entourage de porte avec colonnes et décor.
20, quai de Béthune; le quai des balcons, dont une des fonctions est d'en protéger l'entrée.
4, rue de Trévise, curieux agencement pour cette entrée.
92, Bd de Courcelles. Bel ensemble avec angelots.
Si le bois domine dans le centre de Paris, les avancées technologique dans les domaines de la métallurgie et de la verrerie permirent à la fin du 19ème de le remplacer largement dans la fabrication des portes qui se construisaient dans les arrondissements périphériques.
Faisant symbole d'exception à cette chronologie, le portail en métal de l'hôtel Carnavalet rue
des Francs-Bourgeois.
5, av Mozart, un beau modèle.
Autre exemple avec volutes au 2, rue Lecourbe.
Plus rare, 11, rue Servandoni cette entrée avec fenêtre en demi étage.
Une autre version au 2, rue Guynemer.
97, rue de Monceau, encore un bel ouvrage.
Originale, l'entrée du lycée Fresnel avec ses signes du zodiaque.
226, Bd Voltaire grande porte des établissements Cusenier, fabriquant de liqueur, avec ses
grappes de raisin.
41, rue de Prony, utilisation de la dorure.
9, rue Alexandre Dumas, une entrée plus sobre avec ses 2 gardiens.
Les courants artistiques, comme l'Art Nouveau ne manquèrent pas d'imprimer leur style jusque
dans les baies des immeubles pour lesquels ils s'exprimaient.
Ainsi en est-il du Castel Béranger, 14, rue La Fontaine, conçu par Hector Guimard, un des
papes du mouvement.
Autre manifestation de son art, l'hôtel particulier du 122, av Mozart qu'il habita jusqu'à son
décès en 1942.
René Lalique, autre célèbre représentant de ce courant artistique, choisit l'hôtel particulier du
40, cours Albert Premier pour nous présenter son talent.
Au 29, av Rapp, l'architecte Jules Lavirotte laisse courrir son imagination en 1901 pour produire cet immeuble pour le moins original. Dans la baie de l'entrée est inclus un phallus inversé, il
fallait oser...
1 année auparavant, il avait déjà opéré avec son talent au 3, square Rapp.
Autre manifestation de ce courant artistique au 33, rue du Champ de Mars, pour cet immeuble
du début 20ème réalisé par Octave Racquin.
Le 14, rue d'Abbeville ne manque pas lui aussi de se faire remarquer. Les architectes Alexandre
et Édouard Autant en sont à l'origine.
Plus sobre, l'interprétation de l'architecte Jean Falp au 17, av de Bel Air.
Si l'art a donné à certains immeubles leur lettre de noblesse, d'autres ont su se particulariser par la singularité de leur entrée.
Telle cette belle et rare porte cintrée du 17, Bd du Temple.
Rare exemple d'une porte avec indication d'un nom et d'une date que celle du 12, rue de
Sévigné, où l'on peut lire Jacques Corniliot 1695.
Au 2 comme au 8, rue Suger, il faut se courber pour entrer.
Au 125, rue de Sèvres, le concepteur de cette porte a dû hésiter entre porte cochère et porte
bâtarde avant d'aboutir à ce curieux compromis.
27, rue de Grenelle, rare exemple d'une porte avec un système articulé destiné à accueillir le
foin pour les chevaux.
94, rue de la Rapée, vous pouvez découvrir la plus grande porte de Paris puisque c'est la façade
qui coulisse pour s'ouvrir le matin et se refermer le soir.
Pour terminer le sujet de cet article sur les entrées parisiennes, quelques exemples de ce qui, au
temps des fiacres et autres voitures à chevaux, permettaient d'en protéger les pieds-droits.
Je referme la porte, en espérant que cela vous aura intéressé et donné envie de poursuivre les promenades parisiennes avec les autres articles de mon blog dont vous pouvez trouver les liens en haut à droite.